Il m’aura fallu quelques deux mois pour arriver au bout de ce prochain tricot dont vous ne verrez rien encore mais dont je peux dire qu’il m’a fait souffrir. L’une des victoires aura été d’avoir réussi à simplifier parfois instinctivement sans que l’ensemble perde sa cohérence, j’en suis fière. Une autre est de m’être appliquée à garder les finitions propres mais complexes, à savoir deux méthodes pour monter et rabattre qui permettent de conserver de l’élasticité tout en ayant l’air quasi-invisible.
Pour achever ce pull, donc, il m’a fallu reconquérir mon espace domestique et les rituels qui rythment, d’habitude, mes heures de tricot. La météo m’a fourni un temps humide et froid, m’a poussée à allumer les bougies, préparer du thé chaud au miel. J’ai accepté la radio, forcé mon oreille à ne l’écouter qu’à demi. Ai espacé mes pauses. Choisi le silence. J’ai réhabité ma tanière.
Ne pas s’en laisser conter : je reste intranquille, vite happée par une photo, une rencontre, un morceau de musique, le tri, le rangement, des envies, mais je les ai laissés davantage fuser puis s’éteindre. J’ai travaillé à ralentir.
C’est pourquoi, bientôt, pull noir sur le dos, et bientôt, nouveau tricot.
Bonne année pleine de mailles et de fils à tous, de joie toutes sommes faites.